détection hypertension

Prédispositions à l’hypertension et rôle de la flore intestinale

Contexte

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détection hypertension

Les maladies cardio-vasculaires représentent aujourd’hui l’une des principales causes de décès dans le monde ; près de 18 millions de personnes en meurent chaque année. Au nombre de ces maladies cardio-vasculaires, nous avons l’hypertension, l’artériosclérose, l’ischémie, etc.

L’hypertension peut être définie comme une augmentation de la pression sanguine, dont la cause est inconnue, et augmente les risques associés à certains accidents cérébraux, cardiaques et rénaux. En effet, l’hypertension artérielle est déclarée chez un individu lorsqu’il est constatée que sa pression artérielle dépasse 140/90 mm/Hg [1].

L’hypertension représente une conséquence liée aux divers dérèglements des différents systèmes de l’organisme ; ces dérèglements peuvent être des défaillances au niveau du cœur ou des vaisseaux sanguins, le surpoids, l’augmentation de l’âge de l’individu, la résistance à l’insuline, le diabète, l’hyperlipidémie [1] (Messerli et al., 2007). Tel que rapporté par Wu et al. (2021) [4], en 2010, près du tiers de la population adulte mondiale était atteinte de l’hypertension (soit 1,38 milliard de personnes).

Au cours de la vie de l’individu, avant que se manifeste les accidents ou événements liés à l’hypertension (les arrêts cardiaques, l’insuffisance rénale, etc.), on observe plus tôt des phénomènes comme l’hypertrophie du ventricule gauche, la microalbuminurie, et les dysfonctionnements cognitifs.

L’hypertrophie ventriculaire gauche est caractérisée par l’épaississement du muscle de la cavité principale du cœur pompant le sang (c’est-à-dire le ventricule gauche) ; ce qui augmente le rythme cardiaque de l’individu, et entrainer l’hypertension.

Causes de l’hypertension

Obésité de la mère, et le développement de l’hypertension chez l’enfant

Brève introduction sur l’obésité

L’obésité est traduit par l’état d’un individu ayant une masse corporelle supérieure par rapport à sa taille. L’indice de masse corporelle (IMC) est un indice utilisé pour déterminer si un individu a un poids normal, ou s’il est en sous-poids, surpoids ou obèse ; ce paramètre est calculé en divisant la masse de l’individu par la taille au carré :

IMC = (Masse)/(Taille*Taille)

Avec la masse en kilogramme et la taille en mètre

Ainsi, lorsque l’IMC a une valeur :

  • en dessous de 18, l’individu est considéré comme étant en sous-poids ;
  • entre 18 et 25, l’individu a un poids normal par rapport à sa taille ;
  • entre 25 et 30, l’individu est considéré comme étant en surpoids ;
  • au delà de 30, l’individu est considéré comme obèse.

L’obésité de la mère est un problème public majeur, car elle peut affecter à la fois la mère et l’enfant. En effet, l’obésité de la mère durant la grossesse, représente un facteur à risque de développement de maladies cardio-vasculaires plus tard chez l’enfant. En effet, le fœtus est affecté par le système hormonal de la mère [2]. L’état d’obésité de la mère induit une production exagérée de la leptine (une hormone de gestion de la satiété), dans le but de réguler le niveau d’énergie chez la mère ; ce qui affecte également le système hormonal du fœtus par la même occasion.

La leptine est une hormone produite par les cellules adipeuses (les cellules stockant la matière grasse), se fixant sur les récepteurs spécifiques au niveau de l’hypothalamus, afin de contrôler l’apport énergétique en réduisant l’appétit [3]. En effet, lorsque la mère adopte un régime énergétique, mais ne dépense pas l’énergie ingérée, alors cette énergie est stockée sous la forme d’acides gras . Au fur et à mesure que la proportion de l’énergie de réserve devient importante, la leptine est produite afin de limiter l’alimentation (en conséquence limiter l’apport énergétique).

Interrelation entre le système hormonal de la mère et de l’enfant

Tel que rapporté par Samuelsson (2014), la qualité de l’alimentation (régime calorique) peut conduire à l’hyperinsulinisme (concentration excessive d’insuline dans le sang) ou à l’hyperleptinémie (concentration excessive de leptine dans le sang). Ainsi, l’hyperleptinémie peut être observée chez les personnes obèses. De la sorte, la modification du régime alimentaire de la mère, à travers une suralimentation (ou surnutrition), affecte le système digestif du fœtus ou du bébé, en l’exposant à une concentration élevée en leptine, et l’expose plus tard à devenir obèse et subir les conséquences liées à cette maladie. Plus loin, vers l’âge de 32 ans, l’enfant ayant eu une mère obèse pendant la phase de grossesse et d’allaitement, a des risques plus élevés de développer les maladies cardio-vasculaires.

Femme obèse à risque d'hypertension

En règle générale, les connections et fonctions nerveuses de l’enfant, se développent très tôt, depuis le sein de sa mère. Ainsi, l’altération du système hormonal de la mère, expose l’enfant à une altération de son système hormonal, et à un mauvais développement de son système nerveux.

Par exemple, beaucoup de parents arrivent à se demander pourquoi leurs enfants est le plus souvent apeuré ? La réponse est simple lorsque nous considérons ce qui vient d’être dit. Lorsque la mère est apeurée au cours de la grossesse, et ne cesse de produire des hormones de stress, conduisant à l’augmentation du rythme cardiaque, cela conduit l’enfant à prendre ce mode de fonctionnement comme la norme ; en conséquences il développe des malformations nerveuses. Les hormones secrétées par la mère, affecte le système de hormonal et nerveux de l’enfant.

Ainsi, une production excessive de leptine peut engendrer très tôt chez l’enfant, un niveau de résistance élevé à la leptine, caractérisée par une production abondante de leptine chez l’enfant dès son jeune âge. Ainsi, la prévalence de l’enfant à l’obésité est bien plus élevée, si il a eu une mère obèse que s’il a eu une mère ayant un indice de masse corporelle normal ; l’enfant aura très tôt une difficulté à contrôler son appétit.

Les acides gras à chaines courtes : Rôle de la flore intestinale dans le contrôle de l’hypertension

microorganisme

L’une des autres causes du développement de l’hypertension est la modification de la flore intestinale. La flore intestinale rassemble tous les microorganismes présents dans le tube digestif de l’homme ; le plus souvent cette expression est utilisée pour désigner les microorganismes utiles à la dégradation des aliments.

Il a été rapporté par Wu et al. (2021) [4] que l’hypertension est souvent associée à un déséquilibre de la flore intestinale, caractérisée par une augmentation des populations de microorganismes des genres Klebsiella, Prevotella, Coprobacillus, et Enterobacter, et par une diminution des populations microbiennes des genres Anaerotruncus, Coprococcus, Ruminococcus, Clostridium, Roseburia, Blautia, et Bifidobacterieum ; ce qui réduit le ratio des microorganismes du genre Firmicutes par rapport au genre Bacteroidetes, ainsi que la production des acides gras à chaines courtes.

Au nombre des acides gras à chaine courte, nous avons le propionate, l’acétate et le butyrate qui contribuent à réduire la pression sanguine, à travers une dilatation des vaisceaux sanguins [4]. Ces acides gras peuvent :

  • Activer la synthèse du glucose au niveau de l’intestin (participant ainsi au contrôle du taux de glucose dans le sang) ;
  • Entrer dans le foie et les muscles, pour améliorer le métabolisme des glycolipides ;
  • Agir sur l’hypothalamus pour inhiber l’appétit ;
  • Promouvoir la sécrétion d’hormones intestinales, agissant sur la vitesse de digestion des aliments, et en conséquence réduire l’apport énergétique ;
  • Augmenter l’oxydation des lipides et la sécrétion de la leptine par les adipocytes.

Ainsi, la promotion des acides gras à chaines courtes, contribuera à réduire les risques liées à l’apparition et au développement de l’hypertension ; une augmentation de la production en ces acides gras contribuera à assurer un équilibre cardiaque. Plusieurs méthodes sont utilisées pour réguler la production des acides gras à chaînes courtes.

Quelques méthodes de contrôle de la pression artérielle

Plusieurs méthodes sont utilisées pour contrôler la pression artérielle, en agissant sur les acides gras à chaînes courtes : la modification du régime alimentaire, la consommation de probiotiques, les exercices physiques, et la transplantation de la microflore fécale.

Ajustement du régime alimentaire

La première chose à savoir en ce qui concerne le régime alimentaire est la teneur en sel. En effet, une teneur élevée en sel, contribue à altérer la qualité de la flore intestinale, et en conséquence, cela affecte la production des acides gras à chaînes courtes. Pendant ce temps, un régime riche en fibres alimentaires, contribuera à favoriser la circulation des acides gras à courtes chaines, et réduire la pression sanguine.

Une alimentation riche en fibres alimentaires favorise le développement des microorganismes du phylum Bacteroidetes, lesquels favorisent la production des acides gras courts comme l’acetate, conduisant ainsi à une réduction des pressions systoliques et diastoliques. Tel que rapporté par Wu et al. (2021), une consommation d’environ 11,5 g de fibres alimentaires par jour, contribue à réduire d’une unité la pressions systolique et diastolique. Au nombre de quelques aliments riches en fibres alimentaires, nous avons : Dans nos prochaines éditions, dans notre catégorie “Nutrition”, nous vous parlerons de quelques riches en fibres.

La consommation orale de probiotiques

Les probiotiques sont des microorganismes vivants, qui sont bénéfiques à l’organisme de l’hôte dans lequel ils se trouvent. Ils sont principalement composés des microorganismes des genres Lactobacillus et Bifidobacteria. Plusieurs études ont révélé que la consommation de probiotiques pourrait contribuer à réduire de la pression systolique d’environ 3,05 mmHg, et la pression diastolique d’environ 1,51 mmHg [4].

Ceci suggère donc qu’une supplémentation en probiotiques pourrait contribuer à réduire l’hypertension et ses conséquences. Les probiotiques sont généralement retrouvés dans les aliments fermentés, qui ne sont plus réchauffés après obtention. En effet, la cuisson d’un aliment conduit à réduire la quantité de probiotiques. Ainsi, pour vous assurer que l’aliment que vous consommez est riche en probiotiques, il vous faut chercher à savoir si cet aliment à été pasteurisé ou stérilisé après fermentation. A notre connaissance, voici quelques aliments ou boissons qui ont une teneur non négligeable en probiotiques: le yaourt obtenu à base du lait de vache, le yaourt végétal connu sous le nom de “Akpan” [5], Gowé.

D’autres aliments fermentés rencontrés en Afrique ont été listé [6] : Garri, Agbélima, Abacha, Amala, Adjuevan, Guedj, Azu-okpo, Momone, Ogiri, Okpeyi, Ugba, Dawadawa/Iru/Soumbala/Netetu/Afitin, Tej, Pito, Mmaya ngwo/Emu, Thobwa, Kunu-zaki, Nunu/Nono/Fene, Wara, Domiati, Fura, Kenkey, Agbadi/Eko, Akamu/Ogi.

Les exercices physiques et la transplantation de la microflore fécale

Les exercices physiques modérés, notamment ceux impliquant un peu d’endurance, contribuent à améliorer la production d’acides gras à chaines courtes, la composition de la flore intestinale, ainsi que des métabolites produits par cette flore. L’effet des exercices physiques est perceptible après une durée de 6 semaines sans interruption.

La transplantation de la flore fécale intestinale est généralement utilisée dans les traitements cliniques de diverses maladies dont l’hypertension [4]. Il permet d’améliorer la diversité de la flore intestinale, et en conséquence la concentration en acides gras libres, à courte chaînes. Toutefois, peu d’essais cliniques sont disponibles sur cette question. Des données supplémentaires sont utiles pour attester le bénéfice d’une transplantation de la flore fécale intestinale à un individu hypertendu.

Références bibliographiques

  1. Messerli, F. H., Williams, B., Ritz, E., (2007), Essential hypertension, The Lancet, 370 (9587):p591-603, https://doi.org/10.1016/S0140-6736(07)61299-9
  2. Samuelsson, A.-M. (2014), New perspectives on the origin of hypertension; the role of the hypothalamic melanocortin system. Exp Physiol, 99: 1110-1115. https://doi.org/10.1113/expphysiol.2014.080374
  3. Pena-Leon, V., Perez-Lois, R., Villalon, M., Prida, E., Muñoz-Moreno, D., Fernø, J., . . . Seoane, L. M. (2024). Novel mechanisms involved in leptin sensitization in obesity. Biochemical Pharmacology, 223, 116129. doi:https://doi.org/10.1016/j.bcp.2024.116129
  4. Wu, Y., Xu, H., Tu, X., & Gao, Z. (2021). The Role of Short-Chain Fatty Acids of Gut Microbiota Origin in Hypertension. 12. doi:10.3389/fmicb.2021.730809
  5. Sanya, C., Madode, Y.E.E., Schoustra, S., Smid, E., Linnemann, A., (2023), Technological variations, microbial diversity and quality characteristics of maize ogi used for akpan production in Benin, Food Research International,170, https://doi.org/10.1016/j.foodres.2023.113038
  6. Mgbodile, F. C., & Nwagu, T. N. T. (2023). Probiotic therapy, African fermented foods and food-derived bioactive peptides in the management of SARS-CoV-2 cases and other viral infections. Biotechnology reports (Amsterdam, Netherlands)38, e00795. https://doi.org/10.1016/j.btre.2023.e00795

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